Poèmes extraits de Clans of many Nations (1995). White Pine Press, Fredonia: N.Y. Traduits et publiés avec l’aimable autorisation de l’éditeur et celle des ayants droits, Rainy Blue Cloud & Louis Blue Cloud.
Le chercheur d’aigles
Un couple de grands hérons bleus au
crépuscule devrait rassasier n’importe qui.
Pourtant, j’entonne une prière en moi
dans l’espoir de voir, un bref instant,
ne serait-ce qu’une fois, le vol circulaire
d’un aigle près de ce fleuve
au seuil de ma maison.
Ce bout de territoire mohawk encerclé par
les villes, les villages, l’autoroute et la voie maritime
n’a rien à voir avec le rêve de mes ancêtres.
Eux qui ont intimement connu les aigles,
comment pourraient-ils consentir à vivre aujourd’hui
sans qu’un huard chante le soir ?
Je fais semblant que ce fleuve
au seuil de ma maison en est un,
car c’est un reflux de la voie maritime qui,
au lieu de s’écouler, remue au passage
des bateaux. Le goût du poisson frais
n’est plus – seules nagent dans ces eaux
polluées et malsaines des créatures qui se meurent.
Peu d’étoiles arrivent à percer le voile des lumières
artificielles. Aucun hibou ne hulule la nuit.
Ce qu’on croit être sommeil profond
n’est que réaction aux perturbations de la réalité.
Non, les aigles ne volent plus par ici, sauf ceux
qui ont trouvé refuge à l’intérieur de nous.
Searching for Eagles
A pair of great blue herons should
be feast enough for anyone’s sunset.
Still, I chant an inner prayer
to glimpse but once, a circling,
soaring eagle close to
this river at my doorstep.
This bit of Mohawk territory, encircled
by cities, towns, freeway and seaway,
cannot be what my ancestors dreamed.
They, who intimately knew eagles,
how would they reconcile today
without the loon’s evening cry?
I pretend this river at my doorstep,
for it is a backwash of the seaway,
not flowing, but pulled back and forth
by passing ships. No more the taste
of fresh fish, what swim here are
sickly, polluted, and dying creatures.
Few stars penetrate the man-made
haze of light. No owls hoot the night.
What may resemble peaceful sleep
is the reaction to troubled reality.
No, no more eagles soar here, only
those kept harbored deep within.