Les choses faciles deviennent difficiles avec le temps et vice-versa
On dit souvent que la traduction est une tâche ingrate, car la personne qui traduit doit s’abandonner au texte.
La première fois que je me souviens de ne pas avoir succombé à la facilité, c’était durant une année d’études sabbatiques en Chine, après le cégep. J’étais au supermarché du coin et je venais de briser un miroir. Mon premier réflexe a été de regarder s’il y avait des caméras. J’ai ensuite replacé le miroir sur l’étagère. Je savais qu’il était invendable, car je me suis souvenue d’avoir vu cet avertissement dans un magasin chinois à Montréal : « Si vous brisez un objet, vous devez l’acheter ». Je me suis alors demandé : « Quel genre de personne veux-tu être? ». Résignée et fâchée à l’idée d’avoir à acheter un objet inutile, j’ai expliqué la situation au caissier surpris de me voir acheter un miroir brisé. Après l’avoir examiné, il m’a dit : « C’est un miroir pivotant. Tu peux encore utiliser l’autre côté. ».
Quand j’ai commencé à préparer ce numéro, il n’y avait que quelques textes qui cadraient avec ma vision étriquée du thème. Presque un an plus tard, j’ai compris que ce numéro était un appel à l’aide, un autre pas vers une prise de conscience dont j’avais cruellement besoin : chaque être vivant, chaque objet, chaque situation a de la valeur si on sait regarder avec les yeux du cœur. Afin de laisser à chaque texte le temps de fleurir dans votre jardin intérieur, nous vous offrons une œuvre à (re)découvrir.
Un grand merci à Beatriz Hausner, Patricia Godbout, Benoit Léger, Susan Ouriou, Lida Nosrati, Karl Jirgens, Danièle Marcoux, Bodil Jelhof Jensen, Alina Ruta, Yana Melnikova, Danielle Carter, Camille Néron et Marie-Pier Labbé : ce numéro n’aurait pas pu voir le jour sans votre travail invisible mais essentiel. Un merci tout spécial à toutes les personnes qui ont répondu à l’appel et à vous, qui prenez le temps de nous lire.