Le souper de Jiggs de Michael Crummey
Jean-Marcel Morlat
The Tennessee Waltz
The Tennessee Waltz
Ingrédients :
1 quart de fleurs de pissenlits ramassées dans le jardin
4 gallons d’eau transportés depuis le ruisseau
2 livres et demie de sucre de la réserve d’hiver
1 cuillerée à café de crème de tartre, le zeste et le jus de deux citrons
Fais bouillir le tout dans une marmite à bière pendant vingt minutes, vide tout ça dans une casserole et laisse reposer. Lorsque le liquide est chaud comme du lait cru, ajoute quatre cuillerée à soupe de levure et laisse agir pendant environ une journée, jusqu’à ce que tu voies les petites bulles se mettre à monter. Fais bouillir tes bouteilles et siphonne la bière de ta casserole, puis bouche hermétiquement. Garde les bouteilles dans un lieu frais, sinon elles risquent d’éclater, les petites explosions résonnant comme des coups de fusil au beau milieu de la nuit, sans quoi tes chaussures colleront au sol pendant des semaines et la maison puera la levure et l’alcool.
Prêt à boire après deux jours dans la bouteille. Une rasade te redresse une colonne tordue. Trois bouteilles suffisent à te mettre une chanson dans le cœur et dans celui de ton voisin venu en visite ; quatre, c’est assez pour allumer la lueur de flammes de pissenlits dans tes yeux tristes. Cinq, ça te met la tête en feu, fait danser ton voisin dans la cuisine avec un balai et chanter la seule phrase de «The Tennessee Waltz[1]» qu’il connaisse. Ça le renvoie chez lui avec une chaussette en moins. Ça te réveille tôt avec le tic-tac d’un moteur qui refroidit dans ton crâne, ton visage couleur de cendre. La femme de ton voisin se demandant ce qu’est devenue la chaussette manquante, et il ne trouvera jamais d’explication pour la satisfaire.
Ça fait environ trois douzaines.
1. Chanson country composée par Redd Stewart et Pee Wee King (1948).
The Tennessee Waltz
Ingredients:
1 quart of dandelion flowers picked from the meadow garden
4 gallons of water carried up from the brook
2 and one half pounds of sugar from the winter store
1 teaspoonful of cream of tartar, the rind and juice of 2 lemons
Boil the works in the beer pot for twenty minutes, turn it out into a pan and let it cool. When the liquid is new-milk warm, add four tablespoons of yeast and let it work for about a day, until you can see the tiny bubbles start to rise. Boil your bottles and siphon the beer from your pan, then cork tightly. Keep them in a cool place or the bottles may burst, the small explosions like rifle shots in the middle of the night, your shoes sticking to the floor for weeks, the house stinking of yeast and alcohol.
Fit to drink after two days in the bottle. A glassful will straighten a crooked spine. Three bottles enough to put a song in your heart and the heart of your neighbour come for a visit; four enough to light the flicker of dandelion flames in your sorry eyes. Five will set your head on fire, have your neighbour dancing around the kitchen with a broom, singing the only line he knows of The Tennessee Waltz. Send him home with one less sock than he came with. Wake you early with the tick of a cooling engine in your skull, your face the colour of ash. Your neighbour’s wife wondering what became of that missing sock, and he will never find an explanation to satisfy her.
Makes about three dozen.