Northern Gateway
by Lorna Crozier
Northern Gateway
Once there was a mourning song
a singer sang for four days
staring out to sea. That song is lost.
Everyone born here, every old one,
every spirit the salmon feeds,
every man inside a bear, inside a whale,
inside the throat of frog and eagle,
every woman whose chopped hair
tossed into the sea, grew into eel grass,
whose wrist and ankle bones
became the pebbles
waves rattle on the shore, every child
raised by wolves, by mother cedars,
by sea lions in undertows of grief–
these are the ones called upon
to sing a lamentation that will not cease.
You don’t want to hear that song.
Portail du Nord
Jadis fut un chant funèbre
qu’une voix reprit durant quatre jours
tournée vers la mer.
en est-il un pour toi?
se souvient-on même de toi?
is there one for you?
does anyone even remember you?
Ce chant est perdu.
Tous ceux nés ici, chaque Ancien,
chaque esprit nourri du saumon,
chaque homme dans l’ours, dans la baleine,
dans la gorge de la grenouille et de l’aigle,
tu es cet homme
affolé, chevreuil traqué
toi, hurlant avec les loups
you are that man
frightened, a stalked deer
you, howling with the wolf
chaque femme dont les cheveux coupés
et jetés au large, devinrent mousse de mer,
tel Sedna, faite déesse
et veillant sur les êtres marins
just like Sedna, now goddess
watching over ocean beings
dont les os des poignets et des chevilles
se changèrent en galets
leur doux éclat
tes étoiles dans le noir
glowing softly
your stars in the darkness
roulés par la vague au rivage, chaque enfant
élevé par les loups, par nos mères les cèdres,
par les lions de mer aux contre-courants du chagrin —
les restes de ton cœur
se gonflent soudain de regret
the remains of your heart
swollen with sorrow now
ce sont tous ceux-là qu’on appelle
à reprendre une complainte qui ne finit jamais.
N’écoute surtout pas ce chant.
mais tu l’entends pourtant
te rappelant à la chaleur de la vie
but you do hear it
calling you back to taste the warmth of life