Comme toi, j’ai été une enfant réfugiée
Petite, sept ans
petite musulmane | traversant les frontières
petit corps frôlant la mort | consolée d’heure en heure
ar ma jeune mère.
Des soldats nous ordonnent d’arrêter
à un petit poste de passage
hors du siège de Sarajevo
et, de peur, j’ai souillé ma culotte.
S’il m’avait arrachée
à ma mama
mon cœur aurait pu exploser
comme une pomme grenade
bal an cé e
c ont re
l’a s ph al te.
Séparer une mère de son enfant
devrait être un crime de guerre
viendra le jour
où ils devront payer – j’en fais le serment.
D’ici là, ma toute petite,
étrangères l’une à l’autre
et
à distance l’une de l’autre
sache que
je pense à toi.
Je lis la peur sur ton visage
derrière les barbelés
et je sais
que j’aurais pu, comme toi, être encagée.
J’en suis sortie indemne, ou presque.
Maintenant, que puis-je faire ?
Te voir
à l’écran
fait hurler l’enfant
en moi,
impuissante.
Mon crayon, ce poème
sont mes armes
en mon âme, cette complainte
pur ta mère,
ton frère,
pour toi.
I, too, was once a child refugee
Small, seven-year-old
Muslim little girl | crossing borders
body brushing death | consoled hourly
by my young mother.
Soldiers stopped us
at a small throat opening
of the Siege of Sarajevo
& my pants soiled by fear.
Had they taken me
from my mama
my heart might have burst
like a pomegranate
th r o w n
a gai n st
a s ph al t.
Separating mother from child
should be a war crime
& there will come a day
when they’ll pay—I promise you.
Until then, little one,
we don’t know each other
&
we’re miles apart
but know that
I’m thinking of you.
I see your scared face
behind barbed wires
& I know
I, too, could have been caged just like you.
I escaped, almost unscathed.
What can I do now?
Watching you
on television screens
my inner child
screams,
powerless.
My weapon is my pen
& this poem
my soul’s forsaken song
for your mother,
your brother,
for you.